L'interview de Emmanuel Fleig, directeur de l'essentiel
Lundi 16 octobre 2024 - 17h00
Quel chemin parcourt un journal avant d’arriver entre vos mains ?
Emmanuel Fleig, directeur de l'essentiel.lu nous partage les différentes étapes clés : du choix des sujets à l’arrivée du journal L’essentiel dans les petites boîtes bleues.
Dans le téléphone de Emmanuel Fleig
Bonjour, je m'appelle Emmanuel Fig. J'ai la chance et le privilège de diriger L'essentiel depuis son lancement en 2007.
Parle-nous de ton premier téléphone.
Mon premier téléphone, je l'ai eu en 1993. C'était un téléphone noir mat, je pense que c'était un Ericsson. En tout cas, il était assez caractéristique, on ne pouvait absolument pas l'oublier vu son poids. Il avait la fâcheuse tendance, avec son antenne proéminente, de percer les poches de costumes ou de pantalons.
Et maintenant, plutôt team Android ou plutôt team Apple ?
Aucune hésitation : iPhone à 100 % ! Pour la partie téléphonie, sans aucun doute, iPhone.
C’est quoi ton réseau social favori ?
Je pense que je suis assez atypique en la matière, puisque mon réseau social préféré n’est ni digital ni virtuel. C’est celui de ma famille, j’ai la chance d’avoir cinq enfants, celui de mes proches, et celui de mes contacts professionnels. J’avoue passer relativement peu de temps sur les réseaux sociaux en règle générale, je privilégie plutôt le contact humain.
D’ailleurs, les news tu les consultes plutôt version papier ou version digitale ?
Quand on travaille dans la presse, vous savez, les news, on les consulte tout le temps. Dès le réveil avec un petit coup d'œil sur les premiers titres de la journée, puis ensuite à la radio. En arrivant au bureau, j'ai la chance de disposer de quasiment toute la presse luxembourgeoise. Je switch ensuite de nouveau sur l’actualité digitale, souvent au travers des push et des différentes applications. Puis, le soir ou le midi, en reprenant la voiture, j’écoute de nouveau les informations à la radio. En clair, ma journée est ponctuée par la consultation des news, que ce soit sur les sites ou dans le papier, mais très rarement sur les réseaux sociaux.
D’auditeur à directeur de L’essentiel, quel est ton parcours ?
C’est un parcours assez atypique, effectivement. J’ai commencé au Luxembourg dans l’un des Big Four, où je suis passé d’auditeur à manager. En 2000, j’ai rejoint un client, en l’occurrence le groupe Editpress, où j’ai exercé différentes fonctions jusqu’en 2005. À ce moment-là, nous avons commencé à réfléchir au lancement d’un journal gratuit ici, au Grand-Duché de Luxembourg. Nous nous demandions s’il y avait une opportunité pour un journal gratuit dans un pays de 440 000 habitants à l’époque. Après presque deux ans de réflexion, nous avons conclu que cela avait du sens. Nous avons donc lancé L’essentiel. J’ai la chance de diriger L’essentiel, en version papier, en ligne, et depuis 8 ans, également à la radio. Nous continuons aussi notre développement sur les réseaux sociaux, en particulier.
L’essentiel, un quotidien lu par plus de 180 000 personnes par jour. Comment la rédaction définit-elle les sujets ?
Cette question aurait mieux convenu au rédacteur en chef, qui est responsable des contenus. La règle principale est qu’un article doit correspondre à la ligne éditoriale définie par le conseil d’administration, dont la rédaction en chef est garante. C’est souvent un échange matinal entre les journalistes, qui s’assurent ensuite de la pertinence du sujet. Ces sujets sont souvent guidés par l’actualité. Notre caractéristique principale est d’être court, factuel, précis, et surtout, sans parti pris, qu’il soit politique, idéologique ou religieux.
À l’ère des fake news, le travail de journaliste s’est-il complexifié ?
Oui et non. À l’époque des fake news, le travail des journalistes est d’autant plus crucial. Le travail réalisé par nos journalistes est un travail vérifié, approfondi. Nous ne publions aucune information sans avoir plusieurs validations et sources. Ainsi, lorsque vous lisez un article, quel que soit le média de L’essentiel, vous pouvez être certain qu’il ne s’agit pas de fake news, mais d’une actualité vérifiée.
Du choix des sujets à l’arrivée dans les petites boîtes bleues, quelles sont les étapes clés ?
Il s’écoule environ 20 heures entre le début du processus rédactionnel et la disponibilité de L’essentiel dans les boîtes bleues, vers 8h du matin. Les premiers sujets sont discutés, puis validés lors de la conférence de rédaction. Ensuite, les journalistes commencent à rédiger leurs articles pour le papier, le site internet, et la radio. L’équipe dédiée réalise la mise en page, puis les correcteurs vérifient qu’il n’y a aucune faute. Au fil de la journée, des pages peuvent être modifiées pour tenir compte de l’actualité. Vers 1h30 à 2h du matin, les pages sont imprimées, puis distribuées dès 4h du matin par une équipe de 1 250 distributeurs.
Comment vois-tu l’évolution de ton secteur dans le futur, pour ou contre l’IA ?
J’aurais tendance à reprendre une phrase de Coluche : « Je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire. » L'IA est là, sera là, et il faudra travailler avec elle. Cela rendra le rôle des journalistes encore plus important, car ils devront toujours vérifier les informations et garantir leur crédibilité. L’outil est un bon outil, mais c’est le travail intellectuel et personnel qui restera essentiel.
Vos lecteurs sont très engagés. As-tu un courrier insolite à partager ?
Il y en aurait des milliers à partager ! Un moment fort, c’est sans doute au début du COVID, quand nous nous sommes demandé si nous devions continuer à imprimer le journal. Toute l’équipe était unanime : oui, nous avions un rôle important. Et le jour même, nous avons reçu énormément de courriers de lecteurs nous disant : « Merci, vous êtes toujours là, vous continuez à nous informer. » C’était certainement un des moments les plus émotionnels que j’ai vécus durant ces 17 années au sein de L’essentiel.
Merci en tout cas pour cette opportunité de m’avoir permis de m’exprimer sur ce qui se trouve dans mon téléphone. Et comme le dit votre baseline : Rapprochez-vous de l’essentiel avec Orange.